
Ce mois-ci, j’ai lu le polar Après les chiens, écrit par la journaliste niçoise Michèle Pedinielli. La détective privée Ghjulia Boccanera (dite “Diou”) y enquête sur le meurtre d’un réfugié érythréen, tout en cherchant à élucider la disparition d’une jeune femme. L’histoire prend place après les événements de Boccanera (qui inaugure la série), qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu pour en comprendre l’intrigue, même si on retrouve avec plaisir quelques personnages connus. En toile de fond, il est ici question du traitement réservé aux demandeurs d’asile à la frontière entre l’Italie et la France : inutile donc de préciser que, si le récit est fluide et les protagonistes sympathiques, le sujet est plutôt lourd (après tout, on est dans un polar). Je me suis étonné de comprendre assez rapidement où tout cela allait, sans trop savoir si cela me décevait vraiment ou non. Pour autant, ce polar réserve quelques surprises bienvenues et m’a donné envie d’en lire d’autres (en particulier ceux de l’écrivain italien Andrea Camilleri, que dévore la narratrice). Et puis l’extrême-droite y prend pour son grade, ce qui fait toujours plaisir.

Autre lecture du mois : La femme gelée, par Annie Ernaux. Une belle baffe. Comme souvent (toujours ?) avec cette autrice, il s’agit d’un récit autobiographique. Elle y raconte d’abord son enfance, sa mère tenant une épicerie avec poigne et son père plus en retrait, puis son adolescence, jusqu’à l’âge adulte sous le prisme d’une soumission progressive aux normes. Ou comment son mariage, puis sa maternité, l’ont presque littéralement “gelée” et privée de ses aspirations, alors que rien dans son éducation ni même dans sa façon de penser ne l’y prédestinait. L’écriture est étouffante, saccadée, mais surtout complètement adaptée au propos. C’est un style auquel j’ai mis un peu de temps à m’adapter avant d’y adhérer complètement. S’il est sorti en 1980, c’est peu dire que ce livre sonne toujours juste plus de quarante ans après.
Et puis en ce moment, j’ai (encore) deux livres en cours. D’une part, Please Kill Me: L’histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs, un recueil d’entretiens réalisé par Legs McNeil et Gillian McCain. Punk américain, devrait-on préciser, même si le Royaume-Uni n’y est pas totalement absent. Jusqu’ici, ce recueil m’a surtout donné envie d’écouter du David Bowie et de redécouvrir Patti Smith, et donné lieu à beaucoup de réflexions du type “waw, c’est gênant.” Il a aussi inspiré un de mes romans préférés, Outrage et Rébellion, de Catherine Dufour, qui en a repris la forme pour donner un roman SF particulièrement génial. En parallèle, je lis également Les Cieux pétrifiés, de N.K. Jemisin, dernier tome (assez vertigineux je dois dire) des Livres de la Terre fracturée, une trilogie de science-fiction multi-primée commencée en 2015 et dont je reparlerai sûrement bientôt.