C’est avec beaucoup d’impatience que j’ai entamé Citadins de demain, premier tome de la trilogie Capitale du Nord, écrit par Claire Duvivier. Ce premier opus se lit en parallèle du Sang de la cité, dont j’ai parlé ici-même, et qui entame lui la trilogie Capitale du Sud. Ensemble, ces deux séries composent l’étonnante saga de La tour de garde.
Nous découvrons ici la cité de Dehaven, bien différente de sa cousine du sud Gemina. Peut-être est-ce dû à l’écriture limpide de Claire Duvivier, peut-être simplement à la conception de la ville elle-même : Cité-Etat commerciale, la richesse de Dehaven dépend de ses colonies insulaires. L’histoire se déroulant en parallèle du Sang de la cité, l’exercice de comparaison est inévitable. Dehaven semble ainsi plus ouverte sur le monde (dont elle tire profit) et davantage tournée vers l’avenir que Gemina. Plus austère, aussi. Leurs habitants, par contre, partagent une passion commune pour un jeu, la tour de garde, vague cousin des échecs. Enfin, les deux cités font face à des troubles sociaux et politiques qui mettent leur stabilité en péril.
Nous y faisons la connaissance d’Amalia, fille d’aristocrates, et de ses compagnons Hirion et Yonas. Les trois adolescents, presque adultes, ont reçu une éducation exigeante, leurs parents souhaitant en faire des citoyens nouveaux, à la façon de nos Lumières. Leur position de privilégiés (Yonas faisant figure d’exception) leur confère d’ailleurs une certaine ambiguïté : c’est qu’on n’a pas toujours très envie de les apprécier, ces gamins qui s’expriment au passé simple, mais on sent aussi qu’ils ont encore beaucoup à apprendre. De toute façon, à l’instar de Nox à Gemina, le trio fait rapidement une découverte troublante, qui ajoute une couche magique et inquiétante à un univers déjà riche. L’exploration de l’aspect fantastique de cet univers semble d’ailleurs plus approfondi que dans le livre de Guillaume Chamanadjian. De ce point de vue, l’ordre chronologique des sorties paraît plutôt heureux.
En ce qui me concerne, ce roman vient admirablement conclure un double premier tome qui pose des bases fascinantes à ce cycle et donne très envie d’en découvrir la suite, tant pour connaître le destin de ses personnages que de ses deux cités phares. J’ai en effet l’impression de n’avoir entrevu qu’un petit bout d’un monde vaste, étrange et sur le point de basculer dans l’inconnu.
Sortie originale (français) : 2021