
L’an passé, j’ai découvert la Canadienne Emily St. John Mandel via son dernier roman paru en français, L’hôtel de verre, que j’ai adoré. C’est donc moins de six mois plus tard que je me suis attaqué à son premier livre, Dernière nuit à Montréal. Là encore, il s’agit d’une sorte de polar. En fait, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer plusieurs similitudes entre les deux œuvres, à commencer par une certaine obsession pour le verre et la présence éventuelle du fantastique, qui pourrait tout aussi bien relever de la folie de l’un ou l’autre personnage.
L’histoire, ici, se concentre sur Lilia, jeune femme qui a soudainement quitté l’appartement dans lequel elle vivait depuis peu avec Eli, son compagnon, qui se met ainsi en quête de la retrouver. De Lilia, nous en apprenons davantage au fur et à mesure de la lecture via des flash-backs, en commençant par son enlèvement lorsqu’elle avait sept ans. L’intrigue enchaîne donc entre le passé d’une Lilia perpétuellement en fuite à travers les Etats-Unis et le présent d’un Eli de plus en plus égaré, selon un rythme qui donne l’impression d’un étau se resserrant progressivement autour du dénouement.
J’ai retrouvé la capacité d’Emily St. John Mandel à créer des atmosphères palpables et à projeter les lecteur.ices au cœur de la scène. Sa description de Montréal est d’ailleurs susceptible de surprendre : décrite comme sombre, glaciale, peu accueillante, fermée sur elle-même et rejetant violemment les anglophones, elle projette une image à laquelle je suis peu habitué en temps que francophone. J’ajouterais enfin que les débats linguistiques abordés par les protagonistes (notamment par Eli, linguiste fasciné par les langues en voie de disparition) sont d’un grand intérêt du point de vue du Belge que je suis. Enfin, difficile de ne pas évoquer la question des relations familiales (y compris leur absence) et comment celles-ci jouent sur la construction de jeunes adultes. C’est un thème qui imprègne cette histoire de bout en bout, au même titre que celle de L’hôtel de verre.
Voilà, c’était super. Le plan, à présent, est de succomber rapidement à la tentation de lire les trois romans suivants de l’autrice, à savoir On ne joue pas avec la mort, Les Variations Sebastian, et son best-seller post-apocalyptique Station Eleven. Je serai alors prêt pour la traduction à venir de Sea of Tranquility, avec lequel Emily St. John Mandel creuse, semble-t-il plus profondément dans le genre de la science-fiction. Vivement.
Titre original : Last Night in Montreal /Traduction : Gérard de Chergé
Sortie originale (anglais) : 2009 /Version française : 2012