
J’ai récemment terminé le premier tome de Binti, écrit par Nnedi Okorafor. Il s’agit d’un court roman de science fiction, type space opera. Nous y suivons une jeune femme, Binti, la première de son peuple invitée à prendre place au sein de la plus prestigieuse planète-université de la galaxie, étant donné ses talents hors du commun en mathématique. Contre l’avis de sa famille et de son peuple - résolument casanier - elle décide d’embarquer pour cette planète lointaine. Le voyage, toutefois, est brutalement interrompu lorsque le vaisseau est attaqué par des Méduses, une espèce extraterrestre, qui y massacrent l’équipage et dont seule Binti sort vivante. Or cette dernière exerce la fonction d’harmonisatrice, qu’on peut rapprocher de la diplomatie : une capacité bien pratique face à une espèce extraterrestre belliqueuse, mais très à cheval sur les principes. De là s’en suit une histoire dans laquelle la protagoniste se débat d’abord pour survivre, mais surtout pour comprendre le rôle qu’elle y joue. Ce premier tome aborde de nombreux sujets qui, pour la plupart, n’y connaissent pas de dénouement : il faudra pour cela attendre le tome 2, qui sort en français en mai prochain.

Il se trouve qu’il y a deux mois j’ai lu un autre roman de Nnedi Okorafor : Qui a peur de la mort ? Il s’agit ici non pas d’un space opera, mais plutôt d’un roman au carrefour de la science-fiction post-apocalyptique et de la fantasy, toujours dans une Afrique futuriste (cette fois-ci dans une région correspondant au Soudan). Onyesonwu, la protagoniste, s’y découvre des pouvoirs magiques qu’elle va devoir apprendre à maîtriser pour se lancer dans une quête à travers le désert. Là encore, elle fait face aux traditions de son peuple, et au rejet de la plupart de ses contemporains : Onyesonwu est en effet née d’un viol de guerre, ce qui fait d’elle une paria.
Dans les deux histoires, il est question de guerres et de conflits sanglants, desquels émergent des héroïnes isolées mais puissantes, issues de peuples marginalisés et porteuses d’espoirs de paix. Au final, je dois dire que j’ai nettement préféré Qui a peur de la mort ? à Binti. En effet, le premier aborde ses sujets plus frontalement que le second, va globalement plus loin, prend le temps d’installer ses personnages et de dérouler son histoire, quand dans le second les événements s’enchaînent un peu brutalement avec pourtant quelques longueurs surprenantes pour une histoire courte. Cette différence s’explique peut-être par le public auxquels ils s’adressent : j’ai vu plusieurs fois Binti classé dans la littérature jeunesse, ce qui pourrait expliquer la différence de ton et son apparente simplicité (qui ne lui retire pourtant pas tout son intérêt).
Bref, tout cela pour dire qu’il était temps que je m’intéresse à Nnedi Okorafor, qui a déjà remporté plusieurs prix majeurs dans le domaine de la SF. En 2016, Binti lui a notamment valu un prix Hugo et un prix Nebula, tous deux dans la catégorie du meilleur roman court, mais c’est surtout Qui a peur de la mort ?, d’une grande puissance évocatrice, que je ne manquerai pas de conseiller aux amatrices et amateurs du genre.