
Alison Bechdel (celle du test) dresse dans Fun Home - une BD autobiographique - un portrait de son père, prof d’anglais et directeur de pompes funèbres brutalement décédé après une vie complexe et contrariée. Élevée dans une atmosphère rappelant la série Six Feet Under, elle a eu tout loisir d’observer son papa agir en tyran froid et obsessionnel, voué corps et âme à la décoration d’intérieur. L’autrice en tire un récit forcément très introspectif, dans lequel elle s’interroge sur ce décès soudain (s’agit-il d’un suicide, comme le suggéreraient certains indices ?) et raconte la découverte de son homosexualité (la sienne et, quasi simultanément, celle de son père) dans une narration marquée par une sorte de froideur ironique.

En fait, le terme “tragicomédie” est très approprié : c’est globalement dramatique, mais ce qui nous est raconté est rempli d’humour glacial. De temps en temps surgit une référence littéraire (Proust, James Joyce) : père et fille entretenaient un lien apparemment profond autour de la littérature. Quant au dessin, en noir et blanc, il se prête très bien à la version poche qui est arrivée entre mes mains, qui se lit comme un roman. À lire sa page Wikipédia, cette BD semble avoir affolé les franges les plus conservatrices des États-Unis (qui ne déçoivent jamais), la page dénombrant pas moins de six tentatives de censure en raison des thèmes abordés. En ce qui me concerne j’ai beaucoup aimé et je ne tarderai pas à enchaîner avec C’est toi ma maman ?, dans lequel Alison Bechdel se penche cette fois sur sa mère.

Titre original : Fun Home / Sortie originale (anglais) : 2006 / Version française : 2006 (traduction : Lili Sztajn et Corinne Julve)