La fracture - couverture

De ma première lecture de Nina Allan, Le créateur de poupées, j’ai conservé une impression de malaise vivace et tenace. Comme je l’anticipais un peu à l’époque, ce roman a laissé une marque durable dans ma mémoire, ce qui est finalement tout ce qu’on lui demande et appelle d’autres expériences du même genre. Je suis donc retourné vers l’autrice britannique avec La fracture, qui se présente comme une histoire de disparition (spoiler : c’est plus compliqué que ça).

En gros, une adolescente prénommée Julie disparaît en 1994. Son corps n’est jamais retrouvé et le cas demeure non élucidé (ce n’est pourtant pas faute d’avoir passé le lac des environs au peigne-fin, ce qui donne par ailleurs lieu à un effet stylistique savoureux). Une vingtaine d’années plus tard, alors que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, sa soeur Selena nous raconte comment une femme qui prétend être Julie reprend contact avec elle.

Il y a plein de façons d’imaginer un récit de retrouvailles, mais c’est peu dire que je ne m’attendais pas à ceci. Un peu comme pour Le créateur de poupées, où se trouvent insérées des nouvelles fantastiques, la narration est ici fragmentée en un récit principal et des passages sur lesquels je ne m’appesantirai pas trop, si ce n’est pour dire qu’ils donnent à cette histoire une saveur toute particulière et pourraient constituer un bon roman (ou une bonne novella) à part entière. Non seulement c’est très surprenant, mais ça a aussi très bien marché sur moi (il faut dire que je suis bon client de ce genre de procédé).

Plus bizarre que malaisant, ce roman de Nina Allan très ancré dans l’imaginaire est (évidemment) formidable.

Titre original : The Rift / Sortie originale (anglais) : 2017 / Version française : 2019 (traduction : Bernard Sigaud_)_