
J’ai déjà parlé d’Andrea Cort à deux reprises, mais je m’en voudrais de ne pas évoquer cette troisième parution en français pour cette série mélangeant science-fiction et enquêtes. Précisons tout de suite qu’il est plus que conseillé d’avoir lu les histoires précédentes pour en tirer le maximum. Composé de deux novellas (Les lames qui sculptent les marionnettes et La cachette) et d’un corps principal éponyme, La guerre des marionnettes peut sans souci se lire comme un tout cohérent. J’avais axé mon billet consacré à La troisième griffe de Dieu autour de quelques mots clés : malaise, dégoût, angoisse et enfer, tout en saluant la qualité d’écriture des personnages et leurs évolutions conjointes. Tout cela s’applique encore ici, en plus intense, même si on change de décor. On pourrait même s’arrêter ici : c’était à la fois abominable et super, merci.
Le décor, donc : une planète, Vhlan, habitée par une espèce sentiente, les Vhlanis, aussi appelés “fouets” ou “marionnettes” en raison de leur forme de sphère géante dotée de multiples tentacules. Ces derniers se livrent régulièrement à une vaste danse rituelle aussi importante que meurtrière, en cela qu’elle cause plusieurs centaine de milliers de morts parmi ses participants. Les autorités humaines pourraient se contenter de trouver ça pittoresque si, depuis quelques temps, des milliers de pèlerins humains ne se rendaient pas sur Vhlan pour s’ajouter à la liste des cadavres.
C’est là qu’intervient Andrea Cort, toujours Procureure extraordinaire et, heureusement pour elle, bien accompagnée malgré le lourd passé qui la hante. Elle est là pour… diverses raisons. En fait, elle est surtout là pour en prendre plein la tronche, parce que wow ce bouquin ne prend pas de gants : s’y enchaînent massacres à grande échelle, épisodes de terreur pure et dilemmes cornéliens. Le recours au body horror y est quasiment constant (je serais parfaitement incapable d’en voir une adaptation à l’écran) et, pour le dire brièvement, la suite de situations désespérantes laisse peu de place à la légèreté.
C’est un roman très sombre, à tous les niveaux, mais aussi très prenant. C’est aussi un livre dont j’aimerais pouvoir discuter avec d’autres personnes, car certains points m’apparaissent flous ou portent à débat, en particulier dans les deux novellas. Je ne sais pas s’il s’agit d’un souci dans l’écriture, d’incompréhension de ma part ou d’un mélange des deux : quoi qu’il en soit, cela n’a pas suffi à gâcher mon expérience. Même si de nouvelles histoires ont été publiées après la sortie initiale de La Cachette, elles sont toutes chronologiquement antérieures à cette dernière, et je suis donc curieux de savoir si Andrea Cort aura droit à d’autres traumatismes aventures à l’avenir. Ou peut-être qu’elle mérite bien quelques décennies de repos.
_Sortie originale (anglais) : 2009 (La Cachette), 2010 (_La guerre des marionettes - sous forme d’audiobook) et 2019 (Les lames qui sculptent les marionnettes) / Version française : 2022 (traduction : Benoît Domis)