Le moineau de dieu - couverture

Certains romans, même en version numérique, semblent avoir des pages jaunies par le temps. Le Moineau de Dieu, de l’Américaine Mary Doria Russell, n’est pourtant pas si vieux. Sorti en 1996, sept ans après Hypérion (on y reviendra), il a par la même occasion reçu quelques prix littéraires liés à l’imaginaire (notamment le Prix Arthur C. Clarke en 1998). Dès le titre, nous sommes prévenus : il est ici beaucoup question de religion (catholique essentiellement) - allergiques s’abstenir. Et pour cause : après avoir capté, depuis le radiotélescope d’Arecibo, ce qui ressemble fort à des chants extraterrestres, la Compagnie de Jésus décide de mettre en place une expédition spatiale afin d’aller les rencontrer. Là où ça se corse, c’est que nous suivons en parallèle l’épilogue de l’aventure, à savoir la réadaptation du prêtre Emilio Sandoz, seul survivant, revenu bizarrement mutilé et psychologiquement ébranlé. Un sort funeste qui contraste avec l’optimisme, voire la naïveté, qui entoure l’organisation du projet.

Et là, je fais une petite parenthèse pour revenir sur la vibe années 90 qui émane de ce roman. Pensons aux Cantos d’Hypérion (dont les quatre opus sont sortis entre 1989 et 1997), classique de Dan Simmons dont l’un des protagonistes est… un prêtre jésuite. Rappelons-nous également du film Contact, adapté en 1997 d’un roman de Carl Sagan, dans lequel la religion est omniprésente et qui se déroule en partie à Arecibo. Bref, des lieux et des thématiques qui sentent bon la fin du XXème siècle. Malheureusement, Le Moineau de Dieu semble tellement ancré dans son époque qu’il ne dit plus grand chose des enjeux d’aujourd’hui. Cela sans même parler du fond de l’histoire, dont on pourrait tartiner des pages : des jésuites qui retrouvent leurs vieux réflexes et partent répandre la bonne parole aux premiers aliens venus. Quant à la forme, des longueurs pesantes viennent alourdir un récit qui n’en avait pas vraiment besoin. Reste, malgré tout, une réelle envie de tourner les pages pour découvrir ce qui a bien pu arriver à cet équipage et à son unique survivant.