L'effondrement de l'Empire

Pour oublier le retour de l’hiver, des pandémies et du fascisme, rien ne me fait plus de bien qu’un bon space opera, un genre que j’ai d’ailleurs outrageusement snobé cette année. Heureusement, je n’ai eu qu’à piocher dans ma liseuse remplie de bouquins achetés compulsivement lors des confinements pour en sortir L’Effondrement de l’empire, de John Scalzi (un auteur déjà évoqué ici cet été, pour son roman parodique Redshirts). Ce livre, paru en 2017 en anglais, n’est que le premier tome de la trilogie de L’Interdépendance, dont l’entièreté est déjà sortie et traduite en français (par Mikael Cabon). Son titre fait peu de mystère quant à son contenu : alors qu’une nouvelle impératrice - pardon, emperox - monte sur le trône d’un empire millénaire, il s’avère rapidement qu’elle va surtout avoir à gérer sa désagrégation imminente. Jusqu’ici, rien de bien surprenant : un empire en perdition, ce n’est pas comme si c’était nouveau en science-fiction. Pourtant, malgré ce manque d’originalité manifeste, on s’amuse vraiment bien.

Alors qu’il est surtout constitué de négociations et de manipulations politiques, ce qui peut peut sonner rébarbatif à première vue, le récit est fluide et émaillé de dialogues efficaces. Ses protagonistes, à commencer par la nouvelle emperox Griselda II, mais aussi l’armatrice Kiva, impitoyable négociatrice aussi radine que grossière, sont réussies et c’est un plaisir de les voir distribuer des ordres et des baffes. D’ailleurs, impossible de manquer que ce sont des femmes qui mènent le jeu dans cette histoire, tandis que les hommes présents sont au mieux sympathiques et ingénus, au pire manipulés et dépassés. Bref, ce premier tome est un divertissement loin d’être idiot qui se savoure comme un bonbon, bien davantage pour ses péripéties que pour son univers, dont le principal défaut est d’à peine se suffire à lui-même. Difficile en effet d’être tout à fait rassasié lorsque la dernière page est tournée.