Les Monstres de Templeton - couverture

C’est peut-être son incipit, qu’on retrouve sur sa quatrième de couverture, qui m’a convaincu de lire Les monstres de Templeton. Nous allons donc le décortiquer en trois points.

Le jour où je revins à Templeton,

Le roman débute par le retour de Willie Upton dans sa petite bourgade natale, fondée par un certain Marmaduke Temple, dont elle a l’heureux privilège d’être la descendante. Dès la note introductive, Lauren Groff nous prévient : Templeton est en réalité le pendant fictif de Cooperstown, petite ville américaine de moins de 2000 habitants, où elle a grandi et sur laquelle elle voulait écrire sans y parvenir directement. C’est aussi le prétendu berceau du baseball et la ville natale de James Fennimore Cooper, auteur du Dernier des Mohicans, que je n’ai pas lu et auquel j’ai très certainement manqué de nombreuses références.

en pleine disgrâce,

La vie de Willie, dans la fin de sa vingtaine, est en vrac. Elle retourne pour quelques temps dans sa maison natale et y retrouve sa mère Vivienne, qui l’a élevée seule. J’ai beaucoup aimé la relation entre ces deux personnages, d’une grande richesse, mélangeant camaraderie, respect et une forme d’incompréhension tacitement acceptée. Vivienne saisit l’occasion pour révéler à sa fille une information qui va la pousser à fouiller en profondeur son arbre généalogique et les archives familiales, explorant le lointain passé de sa famille et le sien, plus immédiat. Parfois aidée par le fantôme qui hante sa chambre, elle parcourt l’histoire de sa ville de sa fondation à nos jours, nous faisant assister à une sorte de condensé d’histoire des États-Unis qui ne fait pas l’impasse sur la colonisation et l’esclavage.

le cadavre d’un monstre mesurant près de seize mètres émergea à la surface du lac Glimmerglass.

Tout le monde à Templeton est bien triste de découvrir que le monstre marin local est mort. En plus du regard circonspect qu’il jette sur le passé, ce roman émet une sorte de sidération quant à l’état du présent et une peur désabusée de l’avenir. Il semble encore très marqué par le 11 septembre et, interprétation toute personnelle, il m’a été difficile de ne pas faire le parallèle entre l’énormité du choc que fut l’événement et ce grand monstre marin repêché un beau matin d’été.

Par certains aspects, Les monstres de Templeton, m’a rappelé Emily Saint-John Mandel, avec ses personnages un peu perdus et les petites touches de fantastiques par-ci par-là. J’ai beaucoup aimé.

Titre original : The Monsters of Templeton / Sortie originale (anglais) : 2008 / Version française : 2008 (traduction : Carine Chichereau)