L'hôtel de verre - couverture

J’ai principalement lu de l’imaginaire cet été, mais mon coup de cœur de la saison a finalement de bonnes chances d’être plus proche du thriller. Il s’agit en effet de L’hôtel de verre, roman de la canadienne Emily Saint-John Mandel. De peur d’en révéler des éléments importants, je me bornerai à indiquer que la protagoniste de cette histoire, Vincent, y connaît un parcours cahoteux et que le prologue du bouquin fait peu de mystère sur son destin funeste. Sa vie est marquée par la rencontre d’un homme richissime, dont on réalise rapidement que le compte en banque n’est pas tout à fait propre. La rencontre en question a lieu en soirée, dans un hôtel isolé du monde, alors qu’une inscription sibylline et menaçante (« Et si vous avaliez du verre brisé ? ») inscrite en grand sur les fenêtres vient gâcher la quiétude de la clientèle. Qui en est l’auteur ? Qui vise-t-elle ? C’est évidemment intéressant, mais je me suis surpris à en oublier complètement cet événement, tellement le contexte plus large, celui de la fin des années 2000, et le destin des personnages de cette histoire m’a passionné. L’autrice sait accélérer le rythme et créer des situations de tension très efficaces, mais aussi se poser et rendre le récit quasiment contemplatif. Sorte de polar, avec ce que ça comporte de message politique (en rapport avec le sujet principal du livre, que j’élude volontairement ici), ce roman est aussi empreint d’une forme d’étrangeté qui n’exclut pas totalement le genre fantastique. Quand on sait que l’autrice a connu le succès avec un roman post-apocalyptique (Station Eleven) se déroulant apparemment dans le même univers, l’impression s’en voit renforcée et me donne surtout très envie d’en lire d’autres.

Sortie originale (anglais) : 2020 / Version française : 2021 (traduction : Gérard de Chergé)