It's lonely at the centre of the Earth - couverture

Il faut croire que j’aime ça, les BD bizarres. It’s Lonely at the Centre of the Earth (“On est bien seul au centre de la Terre”) parle de dépression. C’est grosso modo la documentation sous forme de BD meta de six mois de la vie de l’autrice anglaise Zoe Thorogood, en 2021, alors qu’elle a 23 ans et envisage le suicide. Le résultat est forcément très introspectif, d’aucuns diraient autocentré (ce à quoi je répondrais que c’est le principe).

L’autrice varie les avatars qui sont autant d’états d’esprit (on peut identifier quatre “Zoe” au minimum, sans compter une personnification de sa dépression sous la forme d’un monstre miyazakiesque) et change de styles de dessin dans un foutoir aussi désespéré que vivant. La construction du récit est à la fois linéaire (on progresse de mois en mois) et explosée à coups de flashbacks et de souvenirs. Le résultat est foutraque, expérimental, une espèce d’accident qui n’avait pas vocation à être publié mais qui se révèle comme un objet précieux.

C’est la description d’une immense solitude - d’une personne qui se vit, se dessine et se raconte comme cassée, bizarre - et le fait avec ce qui m’apparaît comme un immense talent. De toute façon, cette BD a été un grand succès critique à sa sortie et n’a plus besoin de convaincre. Juste, ça m’a vraiment beaucoup touché.

Sortie originale (anglais) : 2022 / Version française : 2024 (traduction : Maxime Le Dain)

It's lonely at the centre of the Earth - extrait