Prodigieuses créatures nous amène au début du XIXème siècle sur la côte anglaise. Rédigé par l’autrice américaine Tracy Chevalier, c’est un récit qui alterne les points de vue de Mary Anning et d’Elizabeth Philpot. La première est une jeune ouvrière qui restera célèbre pour la découverte des premiers fossiles d’ichtyosaures et de plésiosaures, la seconde deviendra son amie grâce à leur passion commune pour la géologie et les créatures anciennes. Pourtant issues de mondes différents, elles font front face à des hommes prompts à s’approprier leur travail, en particulier celui de la très talentueuse Mary dont les exploits ne tardent pas à se répandre. Très bien documentée, en abordant notamment les problématiques de classes sociales et de religion, cette histoire donne une bonne idée des bouleversements que ces découvertes ont pu causer dans la société de l’époque. Le texte ne manque d’ailleurs pas de souligner à quel point les femmes y ont pris une part active sans voir leurs noms apparaître dans les musées.
Titre original : Remarkable Creatures / Sortie originale (anglais) : 2009 / Version française : 2010 (traduction : Anouk Neuhoff)
M, l’enfant du siècle me laisse un drôle de sentiment. D’une part il m’a fort marqué et j’ai l’impression d’avoir beaucoup appris sur les conditions de naissance du fascisme en Italie au début des années 1920. D’autre part, c’est long. Très long. C’est probablement indissociable d’une sorte de souci du détail et de volonté d’immersion, mais il faut s’accrocher, surtout quand presque aucun des noms mentionnés ne nous est familier sur plus de 800 pages, à part celui de Mussolini. On suit ici son ascension, d’obscur journaliste rejeté par ses camarades de gauche (pour avoir soutenu la participation de l’Italie à la première guerre mondiale), à sa prise du pouvoir complète en 1922. On assiste à la naissance et aux transformations du mouvement fasciste, à l’étrange expérience de la ville libre de Fiume, à l’effondrement d’une gauche triomphante, à la violence débridée des chemises noires et aux innombrables compromissions du camp démocratique. C’est donc long, certes, mais édifiant. C’est aussi documenté, chaque chapitre se terminant par des documents d’époque. Et ça ne s’arrête pas là, vu qu’Antonio Scurati sort cette année un cinquième tome de cette série de romans sur Mussolini et l’histoire du fascisme italien.
Titre original : M - Il figlio del secolo / Sortie originale (italien) : 2018 / Version française : 2020 (traduction : Nathalie Bauer)