Couverture de La petite femelle. Une photo de Pauline Dubuisson en noir et blanc, les yeux fermés.

Ce livre, il est spécial, car vivement conseillé depuis des années par une personne très chère à mon cœur. La petite femelle revient sur une affaire judiciaire des années 1950 qui a fait de Pauline Dubuisson une femme haïe par toute la France lors de son procès pour le meurtre de son ex-amant. Outré par son sort, Philippe Jaenada - qui pensait au départ écrire un livre facile sur une tueuse au sang-froid - fait le travail manifestement bâclé par l’instruction : revenir sur les faits. Il repart de l’enfance étrange et isolée de Pauline Dubuisson, continue par son adolescence sous l’Occupation (qui lui sera vivement reprochée), puis par son parcours au sortir de la guerre. C’est le résultat d’un travail rigoureux et impressionnant dont il est difficile de ne pas ressortir en colère, abasourdi par une parodie de justice et un cirque médiatique infâme. Heureusement, notre lecture est facilitée par le style inimitable de l’auteur et par ses digressions personnelles qui, au lieu d’apparaître déplacées, sont autant de respirations bienvenues. Je recommande au passage les trois épisodes du podcast Bookmakers d’Arte Radio qui lui ont été consacrés.

Sortie : 2015

Couverture de Souvenirs - Une folle traversée de la Russie révolutionnaire (titre écrit en rouge sur fond blanc, sur lequel on aperçoit une carte du trajet suivi par Teffi.)

Je suis tombé sur ce livre complètement par hasard au détour d’une bouquinerie. Souvenirs, une folle traversée de la Russie révolutionnaire raconte le périple de l’autrice et satiriste russe Nadejda Alexandrovna Lokhvitskaïa, dite “Teffi”, à travers la Russie en pleine guerre civile. Personnalité reconnue tant pour ses articles de presse que pour ses pièces de théâtre, Teffi a été un temps très critique du régime impérial et proche des révolutionnaires. Pourtant, déçue par la tournure des événements après la Révolution d’Octobre, accompagnée d’un imprésario haut en couleur et d’une troupe de comédiens, elle quitte Moscou et entame un exil qui passera notamment par Kiev et Odessa. C’est un récit parsemé de moments tantôt anecdotiques, tantôt hautement traumatiques, racontés d’un ton détaché, voire ironique, qui donnent une perspective étonnante sur cette époque. Certains passages ont par contre très mal vieilli et sont gâchés par un racisme évident, ce qui n’aide pas vraiment à le conseiller sans réserve.

Sortie originale (russe) : 1928 (?) / Version française : 2017 (traduction : Mahaut de Cordon-Prache)