
Si la littérature de l’imaginaire permet beaucoup en matière de nouveaux horizons, il se dit en ce moment qu’elle pourrait gagner à moins se focaliser sur l’annihilation du monde pour s’intéresser davantage à des avenirs meilleurs (ça nous changerait). C’est là que débarque l’historienne Ada Palmer avec sa série Terra Ignota, dont le premier tome Trop semblable à l’éclair est sorti l’an passé en français. Bienvenue dans un 2454 aux allures d’utopie. Un monde en paix, où les déplacements sont faciles et dans lequel les nations, vieilles reliques inutiles, ont été remplacées par des “Ruches” que les citoyens rejoignent à leur convenance (pour ne citer qu’une des idées brillantes de ce récit). Le narrateur de cette histoire, un fascinant personnage, nous raconte pourtant les derniers jours de ce système, qu’on imagine pourtant si solide. Je pourrais en parler des heures : Trop semblable à l’éclair est superbement raconté et d’une richesse folle (tant d’un point de vue de l’écriture que de l’univers), mêlant philosophie, politique et une certaine dose de mysticisme. Et surtout, surtout, il renouvelle le genre en s’éloignant des poncifs de notre époque, en convoquant d’autres périodes de l’histoire et en nous invitant à penser des futurs possibles. En cela, c’est ce que la science-fiction peut offrir de meilleur.