Les Champs de la Lune - Catherine Dufour

Avec Les Champs de la Lune, Catherine Dufour revient à la science-fiction par le biais de l’agriculture. Et oui. El Jarnine est fermière : sous le dôme de la ferme Lalande (à la surface de la Lune) elle cultive de quoi nourrir la population d’une ville construite sous la surface. Elle transmets ses desiderata aux autorités par des rapports réguliers et est fort contrariée car on lui reproche l’aridité de ces derniers. Qu’à cela ne tienne, si c’est ainsi elle les rédigera plus joliment. Peut-être cela les incitera-t-il à l’écouter ? Entre la fissure dans son dôme qui grandit lentement et la drôle de plante qui envahit le paysage lunaire, il y a bien des motifs d’inquiétude. Et c’est sans compter la fièvre aspic, une épidémie qui fauche les gens sans motif apparent. ...

16.03.2025

Mexican Gothic - Silvia Moreno-Garcia

Mexican Gothic est un roman que j’ai offert à ma maman car j’en avais entendu beaucoup de bien et que rien de tel qu’un bon livre d’horreur pour raffermir les liens familiaux. Pas de chance : l’ouvrage n’a pas plu. Défait d’avoir causé l’ennui, je me suis procuré l’objet du crime pour l’inspecter de plus près, même s’il ne s’agit pas vraiment de mon genre de prédilection. Son autrice, la Mexicaine Silvia Moreno-Garcia, y déroule une histoire entre le fantastique et l’horreur dans les années 1950. Noémi, une jeune femme de Mexico, reçoit un appel à l’aide de sa cousine Catalina sous la forme d’une lettre bizarrement rédigée, et se voit dans l’obligation d’aller lui rendre visite pour s’assurer de sa bonne santé, notamment mentale. Destination : un manoir isolé à flanc de montagne, où Catalina vit avec son mari et la famille de ce dernier. ...

21.01.2023

L'Arithmétique terrible de la misère - Catherine Dufour

L’année passée, Catherine Dufour a sorti l’incroyable Au bal des absents, mais pas seulement. En effet, l’autrice française a également fait paraître L’Arithmétique terrible de la misère, son second recueil de nouvelles. Celui-ci en contient dix-sept, aux sujets variés, mais toutes réunies par une tonalité énervée et politique. La nouvelle presque éponyme (L’arithmétique de la misère), par exemple, anticipe les futures crises climatiques en nous offrant, malgré, tout un motif d’espoir dans la révolte. Quant à En noir et blanc, et en silence, elle reprend le vieux thème de la vie éternelle pour parler de dominations (masculine, de classe…). Dans l’ensemble du recueil, la technologie est bien présente, souvent importante, mais elle finit généralement par s’effacer derrière les personnages ou le contexte socio-politique. L’avenir décrit y est sombre, mais pas toujours désespéré. A chaque fois, le propos est acéré. ...

13.09.2021

Trois souvenirs SF

Dans la thématique des souvenirs, j’ai eu envie cette fois d’extraire de ma bibliothèque trois romans de science-fiction qui m’ont un jour fait voyager dans le temps ou l’espace. La faune de l’espace (A.E. van Vogt, 1950) Ce livre occupe une place particulière dans mes souvenirs : je l’ai probablement pioché un peu au hasard en librairie quand j’étais jeune ado, et n’ai découvert que des années plus tard qu’il s’agissait d’un classique du genre. La faune de l’espace est en fait un assemblage de nouvelles, réunies pour former une histoire complète. Cette dernière relate le voyage d’un vaste vaisseau spatial en mission scientifique à travers la galaxie, qui trouve sur son chemin des entités extérieures mystérieuses et potentiellement hostiles. L’équipage compte parmi ses nombreux membres une sorte de super-scientifique-psychologue-spécialiste-en-tout qui, malgré le scepticisme initial de l’équipage, s’avère évidemment précieux. Si l’ouvrage est daté (le livre sous cette forme est paru en 1950, mais certaines nouvelles datent de la fin des années 1930), il a manifestement conservé une bonne part de sa magie, notamment grâce à ses extraterrestres étranges et originaux. Pour l’anecdote, la ressemblance (discutable et discutée) entre l’un d’eux et le célèbre Xénomorphe d’Alien a d’ailleurs donné lieu à un procès entre A.E. van Vogt et la 20th Century Fox. ...

08.05.2021

Lectures favorites de 2020

C’est l’heure des bouquins de l’année ! Je me suis imposé d’en choisir dix (en trichant juste un peu) et les ai classés arbitrairement pour le plaisir. 1. “Trop semblable à l’éclair”, par Ada Palmer (2016) et “Sept redditions”, par Ada Palmer (2017) : double prix de l’amour inconditionnel pour les deux premiers tomes de la saga Terra Ignota, d’une inventivité folle et qui m’ont transportés comme rarement en cette année où c’était plutôt nécessaire. 2. “Au bal des absents”, par Catherine Dufour (2020) : un roman que je qualifierais de fantastique social enragé. C’est génial. 3. “Mémoire de fille”, par Annie Ernaux (2016) : un exercice de mémoire frappant de justesse, rempli de réflexions sur le processus et le sens de l’écriture autobiographique. ...

28.12.2020

Au bal des absents - Catherine Dufour

Claude, la quarantaine solitaire et sans le sou, se prépare à être expulsée de son appartement lorsqu’un mystérieux contact Linkedin lui propose un job bien payé dans une maison isolée à la campagne. Sa mission : enquêter sur la disparition d’une famille d’Américains. Au pied du mur, Claude accepte : quels choix lui reste-t-il de toute façon ? S’ensuit une histoire mêlant horreur (je n’étais pas prévenu), fantastique et social. Tout le sel d’Au bal des absents tient dans le comportement inattendu de sa protagoniste, personnage qui n’a de toute façon plus grand chose à perdre et dont on suit le parcours avec joie et inquiétude. Catherine Dufour canarde la réalité à travers ce roman fantastique-social enragé superbement écrit, et c’est génial (même si parfois ça fait peur). ...

29.11.2020

Un livre par jour pendant cinq jours

Jour 1. Outrage et rébellion - Catherine Dufour (2009) - Dans cette histoire, Catherine Dufour nous raconte la naissance aussi jouissive que douloureuse d’un mouvement punk dans une Chine du XXIVème siècle. On n’y trouve pas une narratrice unique, mais toute une série de voix, avec leur vécu propre et leur sensibilité. A nous de faire sens au milieu de ce chaos. J’ai appris bien après l’avoir lu, et adoré (c’est encore aujourd’hui un de mes livres préférés), qu’il était grandement inspiré de Please Kill Me : l’histoire non censurée du punk racontée par ses acteurs, dont le titre dit à peu près tout. Jour 2 - La Fin de l’homme rouge - Svetlana Alexievitch (2013) - Il y a deux ans, j’ai pris ce pavé comme une claque dans la face. Svetlana Alexievitch y donne la parole aux témoins de la fin de l’Union soviétique : on y lit leur vécu, leurs pensées, leurs peurs, leur colère, leurs souvenirs, leurs espoirs. Des histoires parfois bien différentes les unes des autres et pourtant liées par un thème : comment fait-on pour gérer la fin brutale d’un monde dans lequel on a toujours vécu, un changement dont l’impact se ressent sur toutes les strates de la société ? Comment, au niveau individuel, se faire aux nouvelles règles du jeu ? Je ne suis vraiment pas prêt de l’oublier. ...

30.04.2020