Mes petits préférés de 2023

Chaque fin d’année, j’aime revenir sur certains livres qui m’ont accompagné tout au long des douze derniers mois. Et comme d’habitude, leur année de parution n’a aucune importance. La séquence Aardtman, de Saul Pandelakis. Magistral. Il faudra bien que ce roman soit traduit, qu’il quitte l’univers francophone pour s’offrir à d’autres horizons linguistiques. En attendant, je suis content d’avoir eu la chance de découvrir ce livre, qui représente tout ce que j’aime dans la science-fiction et dans la littérature en général. Dans la maison rêvée, de Carmen Maria Machado. Marquant. Par sa forme, bien sûr, car chaque court chapitre est rédigé “à la manière de” (d’un roman noir, d’un livre dont vous êtes le héros…), bondissant de style en style. Mais aussi, surtout peut-être, marquant sur le fond. C’est une autobiographie, et plus particulièrement le récit d’une relation abusive. L’autrice y raconte comment sa compagne de l’époque a progressivement fait de sa vie un enfer. C’est un livre à la fois subtil, riche et implacable. ...

26.12.2023

Hildegarde - Léo Henry

Avec ce roman, je savais que je m’attaquais à quelque chose de spécial. Je m’attendais à un livre ardu, n’évoquant son principal sujet qu’à demi-mot, passant régulièrement du coq-à-l’âne et multipliant les passages à la limite du cryptique. Comme j’étais très intrigué, j’ai quand même eu envie de le lire. Hildegarde de Bingen, dont je n’avais pourtant jamais entendu parler, a vécu au XIIème siècle du côté de l’actuelle Allemagne. Multipliant les casquettes, elle était, je cite Wikipédia : à la fois abbesse, mystique, visionnaire, illustratrice, compositrice, poétesse, fondatrice et prédicatrice franconienne." C’était aussi “une figure marquant l’apogée de la médecine monastique à la fin du Haut Moyen Âge.” Un superbe CV, aujourd’hui presque suffisant pour décrocher un CDD à mi-temps. J’étais toutefois prévenu : de Hildegarde, il n’en serait pas vraiment question avant un paquet de pages. ...

02.09.2023

Un homme d'ombres - Jeff Noon

Je conserve de très bons souvenirs de Vurt et de Pollen, livres de l’Anglais Jeff Noon sortis respectivement en 1993 et 1995. Ces lectures datant d’une petite dizaine d’années, je les mélange probablement un peu. Elles font néanmoins surgir des souvenirs d’une ville de Manchester hallucinée, de prises de drogues étranges et de récits à la fois fascinants et difficiles à suivre. Ainsi, quand j’ai entendu parler d’Un homme d’ombres, paru en français aux éditions La Volte en 2021, mon intérêt s’est réveillé. La promesse : un mélange de polar et de new weird (littéralement traduit par “nouveau bizarre”, il s’agit d’un genre apparenté à l’imaginaire, qui nous emmène généralement dans une ville étrange pleine d’éléments surréalistes ou fantastiques, en gros). J’ai une relation contrariée avec le new weird, genre que j’aimerais beaucoup adorer, mais dont j’ai apparemment du mal à appréhender la relative difficulté d’accès. J’ai évoqué ici il y a un an ma perplexité vis-à-vis de Vorrh, mais je conserve également un douloureux souvenir de ma lecture de Perdido Street Station, monument du genre que j’avais interrompu à la moitié. En gros je suis un peu vexé de ne pas pouvoir clamer haut et fort mon amour pour le bizarre. Pour autant, il est indéniable que ces oeuvres laissent une trace dans l’esprit des lecteurs et lectrices qui s’y frottent. ...

16.12.2022