Mes petits préférés de 2023

Chaque fin d’année, j’aime revenir sur certains livres qui m’ont accompagné tout au long des douze derniers mois. Et comme d’habitude, leur année de parution n’a aucune importance. La séquence Aardtman, de Saul Pandelakis. Magistral. Il faudra bien que ce roman soit traduit, qu’il quitte l’univers francophone pour s’offrir à d’autres horizons linguistiques. En attendant, je suis content d’avoir eu la chance de découvrir ce livre, qui représente tout ce que j’aime dans la science-fiction et dans la littérature en général. Dans la maison rêvée, de Carmen Maria Machado. Marquant. Par sa forme, bien sûr, car chaque court chapitre est rédigé “à la manière de” (d’un roman noir, d’un livre dont vous êtes le héros…), bondissant de style en style. Mais aussi, surtout peut-être, marquant sur le fond. C’est une autobiographie, et plus particulièrement le récit d’une relation abusive. L’autrice y raconte comment sa compagne de l’époque a progressivement fait de sa vie un enfer. C’est un livre à la fois subtil, riche et implacable. ...

26.12.2023

Le guet des orfèvres - Terry Pratchett

On ne présente plus le Disque-monde, l’univers de fantasy satirique auquel Terry Pratchett a donné vie à travers une bonne quarantaine de bouquins. J’essaye de mon côté d’en lire un de temps en temps, parce qu’en général ça me fait du bien. Pas vraiment dans l’ordre, plutôt en fonction des thèmes et des personnages que j’ai envie de rencontrer (le cycle étant composé de quelques romans indépendants et surtout de sous-séries avec leurs personnages récurrents). Cette fois-ci, j’ai eu envie de retourner voir le guet de nuit de la cité d’Ankh-Morpork. Je me suis donc procuré Le guet des orfèvres, pour y retrouver la petite troupe dirigée par le capitaine Sam Vimaire. ...

19.08.2023

Lectures favorites de 2021

Chaque fin d’année, j’aime bien réaliser un petit bilan de mes lectures préférées des douze mois précédents (leur année de sortie n’ayant aucune espèce d’importance). Du coup, si je devais ne retenir que trois livres lus en 2021, ce serait probablement ceux-ci : Tout d’abord, Un long voyage, par Claire Duvivier : un roman de fantasy qui en dit énormément avec une économie de moyens qui surprend. Loin du cliché de la saga en dix-sept épisodes kilométriques, c’est un vrai bonheur de lecture dans un univers d’une grande originalité. Plusieurs mois plus tard, il me laisse encore avec des images plein la tête et l’envie d’y retourner. Pour rester dans cet esprit, j’ai donc hâte, très hâte, de me lancer dans la double trilogie de La tour de garde, dont les deux premiers tomes (Citoyens de demain, par Claire Duvivier et Le sang de la cité, par Guillaume Chamanadjian) sont sortis cette année avec un succès certain. ...

31.12.2021

L'Effondrement de l'empire - John Scalzi

Pour oublier le retour de l’hiver, des pandémies et du fascisme, rien ne me fait plus de bien qu’un bon space opera, un genre que j’ai d’ailleurs outrageusement snobé cette année. Heureusement, je n’ai eu qu’à piocher dans ma liseuse remplie de bouquins achetés compulsivement lors des confinements pour en sortir L’Effondrement de l’empire, de John Scalzi (un auteur déjà évoqué ici cet été, pour son roman parodique Redshirts). Ce livre, paru en 2017 en anglais, n’est que le premier tome de la trilogie de L’Interdépendance, dont l’entièreté est déjà sortie et traduite en français (par Mikael Cabon). Son titre fait peu de mystère quant à son contenu : alors qu’une nouvelle impératrice - pardon, emperox - monte sur le trône d’un empire millénaire, il s’avère rapidement qu’elle va surtout avoir à gérer sa désagrégation imminente. Jusqu’ici, rien de bien surprenant : un empire en perdition, ce n’est pas comme si c’était nouveau en science-fiction. Pourtant, malgré ce manque d’originalité manifeste, on s’amuse vraiment bien. ...

08.12.2021

Lectures de juillet-août

Au cours de ces deux derniers mois, j’ai lu quelques bouquins et je suis même retourné en bibliothèque, où je n’avais pas mis les pieds depuis trop longtemps. L’occasion de remarquer que les rayons, notamment en matière d’imaginaire, ont été bien renouvelés. En plus de quatre précédents billets déjà rédigés ici, voici un petit bilan de mes lectures de cet été brumeux. J’avais bien vu passer Les Tambours du dieu noir, sorti cette année en français, chez divers chroniqueurs et chroniqueuses de l’imaginaire, mais je n’avais pas vraiment idée de son contenu. On y trouve en réalité deux courts récits. Le premier, qui donne son nom au livre, se déroule à La Nouvelle-Orléans dans un XIXème siècle alternatif et un tantinet magique. L’enjeu n’y est autre que la survie de ce territoire libre et indépendant, régulièrement assailli de tempêtes démentielles, tandis que l’esclavage est toujours une réalité sur une partie de ce qui fut les Etats-Unis. Le second récit (L’étrange affaire du djinn du Caire), lui, se déroule au Caire au début du XXème siècle : là encore, uchronie et fantastique vont de pair, et nous quittons l’aventure pour un récit plus policier. Les qualités du livre sont réelles (qu’il s’agisse des points de vue proposés, du propos ou des univers déployés), mais je dois bien avouer avoir eu la tête ailleurs pendant la majorité de la lecture. Dommage pour moi. ...

02.09.2021

Redshirts - John Scalzi

Prix Hugo en 2013, pratiquement donné lors d’une énième solde numérique du début de l’été, Redshirts : au mépris du danger ne faisait pas vraiment partie de mes priorités. Derrière un nom aussi grotesque se cache en fait un roman parodique écrit par John Scalzi (que vous avez peut-être déjà rencontré sur Netflix via les épisodes Les Trois Robots ou La revanche du yaourt de la série Love, Death and Robots). Le récit débute comme un épisode de Star Trek : alors que de nouveaux personnages intègrent le vaisseau amiral de la flotte, ils réalisent rapidement que quelque chose cloche. En effet, comment se fait-il que le taux de mortalité y soit si élevé, en particulier lors des missions impliquant le capitaine et l’officier scientifique ? Pourquoi l’équipage semble-t-il éviter ces derniers comme la peste ? Et pourquoi s’en sortent-ils systématiquement, au contraire de leurs malheureux compagnons anonymes ? Sentant leur vie en danger, nos protagonistes (mais le sont-ils vraiment ?) vont essayer d’y comprendre quelque chose. Si j’ai d’abord craint une overdose de meta et de complaisance vis-à-vis du genre, j’ai finalement été très agréablement surpris. En fait, John Scalzi m’a amené là où je ne m’attendais pas, et plus qu’une blague, a écrit une véritable histoire. Meta certes, parodique bien sûr, mais qui ne s’y réduit pas. On peut évidemment se demander si cela méritait vraiment le prix ultime en matière de science-fiction, mais cela risquerait de nous emmener trop loin. ...

06.08.2021

Numérique - Marina & Sergueï Diatchenko

Numérique - Brevis est, par Marina et Sergueï Diatchenko, est le second tome du cycle des Métamorphoses, dont le premier opus n’est autre que le fameux Vita Nostra, qui m’a tellement plu en ce début d’année. Il ne s’agit pas d’une suite : il n’est plus ici question d’institut étrange ni de professeurs sadiques. Pourtant, on retrouve des ingrédients qui nous sont familiers. Arsène, le protagoniste, un adolescent dont la vie tourne principalement autour des jeux-vidéo, voit son quotidien changé lorsqu’il rencontre un inconnu : Maxime. Ce dernier lui propose de participer à un concours consistant essentiellement à tester des jeux nouveaux : s’il l’emporte, il pourra travailler pour lui. Cette fois-ci, on ne force personne, Arsène n’a à perdre que ses rêves de gloire. Toutefois, si ce dernier est un champion de la manipulation en ligne, Maxime n’est évidemment pas en reste. ...

19.06.2021

Bilan de mars 2021

Littérairement parlant, c’est La volonté de se battre, troisième tome de la série Terra Ignota, qui m’a surtout occupé ce mois-ci. J’ai déjà évoqué ailleurs mon attachement tout particulier à cette série écrite par Ada Palmer, qui a réussi à construire un univers complexe et fascinant porté par une narration du même niveau. Trop semblable à l’éclair, premier tome de la série, m’a diverti du premier confinement ; Sept Redditions, sa suite, m’a sorti d’un été aux allures de drôle de guerre caniculaire. La volonté de se battre m’a-t-il fait oublier la montée de la troisième vague ? Et bien oui, merci. L’histoire avance, toujours portée par un narrateur dont on se demande tout de même parfois s’il ne joue pas volontairement avec nos pieds ou s’il n’est pas en train de complètement perdre les pédales. Ces facéties narratives nécessitent une véritable implication, mais sont pour moi un vrai plaisir. Qu’importe au fond si le narrateur est fou, j’ai envie de savoir ce qu’il veut me raconter et ce qu’il perçoit de son monde. Force est parfois d’admettre que quelques longueurs et flous artistiques peuvent rebuter les lecteurs et lectrices qui ne seraient pas d’emblée subjugués par l’univers décrit, mais ça ne m’empêchera pas de continuer à en parler à tout le monde avec des étoiles dans les yeux. ...

31.03.2021

Vita Nostra - Marina & Sergueï Diatchenko

Vita Nostra appartient à cette catégorie de livres qui laissent une impression à part et, en ce qui me concerne, le besoin dévorant d’en discuter pour tenter (vainement) d’en épuiser le sujet. On y suit une jeune femme ukrainienne sur le point de commencer des études universitaires. Sauf que, pour une raison qui nous échappe, la voilà forcée de rejoindre un mystérieux institut dans une ville obscure. Quant à savoir ce qu’elle y apprendra, là se trouve une part de l’enjeu. Passé le premier contact cryptique et inquiétant avec ce nouvel établissement, commencent les pourquoi, les comment, les sentiments mêlés d’injustice, de révolte et de curiosité, et surtout cette obsession de continuer, fiévreusement, pour voir où diable cette histoire nous mène. Un bien étrange roman. ...

07.02.2021

Lectures favorites de 2020

C’est l’heure des bouquins de l’année ! Je me suis imposé d’en choisir dix (en trichant juste un peu) et les ai classés arbitrairement pour le plaisir. 1. “Trop semblable à l’éclair”, par Ada Palmer (2016) et “Sept redditions”, par Ada Palmer (2017) : double prix de l’amour inconditionnel pour les deux premiers tomes de la saga Terra Ignota, d’une inventivité folle et qui m’ont transportés comme rarement en cette année où c’était plutôt nécessaire. 2. “Au bal des absents”, par Catherine Dufour (2020) : un roman que je qualifierais de fantastique social enragé. C’est génial. 3. “Mémoire de fille”, par Annie Ernaux (2016) : un exercice de mémoire frappant de justesse, rempli de réflexions sur le processus et le sens de l’écriture autobiographique. ...

28.12.2020