La Porte des Enfers - Laurent Gaudé

Il y a longtemps que je lorgnais sur Laurent Gaudé, non pas en raison de ses prix littéraires, mais parce que c’est le frère d’Ivan, l’estimé cofondateur du magazine Canard PC. Lorsque la journaliste Julie Le Baron (nouvelle rédactrice en chef - bravo - du magazine en question) a dit le plus grand bien de La Porte des Enfers, je me suis dit que je commencerais par celui-là, intrigué que j’étais par son côté fantastique et surtout parce qu’il en fallait bien un. Cette histoire commence en 2002 à Naples par la vengeance de Pippo, mort - attention - en 1980 à six ans lors d’une fusillade. Il n’est pas vraiment nécessaire d’en révéler davantage, tout comme il est déconseillé de lire la quatrième de couverture (de l’édition poche Acte Sud en tout cas) qui vous révèlera les deux tiers du roman. L’histoire alterne donc entre 1980, où nous suivons les parents de Pippo en proie au deuil, et 2002, où un Pippo bien vivant en a gros sur la patate. Pourquoi ? Comment ? Plus que cette question bien légitime, il s’agit ici de ressentir la peine, la peur et le dégoût, mais aussi, dans un autre registre, les ruelles encombrées de Naples, l’odeur du café et l’inéluctabilité de la mort. A l’instar des personnages de ce livre, on y cherche des étincelles de vie dans un océan de crasse et de désespoir : l’enfer, ici, est à prendre au sens propre comme au sens figuré. Et comme souvent, on trouvera des lueurs dans les marges. Ce n’est pas un roman très rigolo, par contre il se lit rapidement. ...

05.03.2023