
Evaristo Carriego - Jorge Luis Borges
Vu ses pages toutes brunies par les années, j’ai dû trouver ce petit livre il y a dix ou quinze ans dans une bouquinerie, pour ne jamais l’ouvrir jusqu’à cette année. De Borges, je connaissais déjà L’Aleph et Fictions, deux recueils de nouvelles étranges, tirant vers le fantastique, l’imaginaire ou l’expérimental, parus dans les années 1940. Une de celles qui m’a le plus marqué est probablement Pierre Ménard, auteur du Quichotte dans lequel l’auteur argentin esquisse une biographie pleine d’érudition d’un auteur français des années 1930 qui n’a jamais existé. Tout ça pour dire que cet Evaristo Carriego, dont ce livre est une espèce de courte biographie, j’ai d’abord vérifié qu’il avait vraiment vécu. Surprise : c’est bien le cas, c’était même un ami du père de Borges. Malgré tout, le doute subsiste. Difficile en effet de savoir si tout cela est vraiment fiable, si le poète décrit par l’auteur existe ailleurs que dans sa tête. Et en fait on s’en fiche, on se laisse porter. Borges est une sorte de magicien, qui parvient à m’intéresser à des sujets dont je me fiche au minimum poliment. La poésie sud-américaine, par exemple, qui à la base n’est pas mon truc : quand Borges en parle je suis fasciné. Quant à sa reconstruction des faubourgs de Buenos Aires à la fin du XIXème siècle, un point géo-historique qui ne me concerne pourtant que fort peu, je m’y suis senti à la maison, arpentant les rues, attentif à l’évocation des sonorités de guitare. ...