Les Variations Sebastian - Emily St. John Mandel

J’ai découvert Emily St. John Mandel il y a deux ans, avec L’hôtel de verre. Ébloui par cette rencontre, j’ai par la suite enchaîné avec ses romans les plus anciens (Une nuit à Montréal et On ne joue pas avec la mort) avant de passer directement à Station Eleven, son best-seller sorti en 2014. J’en avais zappé un : Les Variations Sebastian, sorti en 2012. Il s’agit de son troisième roman, qui s’inscrit dans la foulée des deux premiers sur un certain nombre de points, à commencer par la fuite, l’abandon et le lien des adultes à leurs enfants. En fait, on pourrait voir ces trois livres comme autant de points de vue autour des mêmes thèmes. Cette fois, c’est essentiellement en Floride que se situe l’action, dans la petite ville de Sebastian en pleine récession (nous sommes dans la foulée de la crise de 2008) et soumise à la lente et inquiétante invasion d’animaux exotiques tels que des varans ou des pythons. Le titre original du roman, The Lola Quartet, attire l’attention sur les protagonistes plutôt que sur le lieu : les quatre anciens membres d’un groupe de jazz de lycée, que nous retrouvons une dizaine d’années plus tard, pour constater que la vie ne leur a pas fait de cadeaux. L’intrigue, bien ficelée, tourne principalement autour de la question suivante : qu’est devenue Anna, l’ado qui gravitait autour de groupe et qui a subitement fichu le camp après le bal de promo ? ...

21.09.2024

On ne joue pas avec la mort - Emily St. John Mandel

A travers mes lectures de L’hôtel de verre (cinquième roman d’Emily St. John Mandel) et de Dernière nuit à Montréal (son premier), j’ai identifié trois éléments récurrents : 1) une matière : le verre ; 2) des relations familiales compliquées, marquées par la perte et l’abandon ; 3) une légère touche de fantastique. Il s’agit aussi de deux très bons polars qui m’ont passionné de par leur atmosphère froide et leur absence de linéarité. C’est rare, mais c’est ainsi que je me suis retrouvé à ouvrir un troisième livre de la même autrice en moins d’un an. On ne joue pas avec la mort est son deuxième roman. ...

18.06.2023

Dernière nuit à Montréal - Emily St. John Mandel

L’an passé, j’ai découvert la Canadienne Emily St. John Mandel via son dernier roman paru en français, L’hôtel de verre, que j’ai adoré. C’est donc moins de six mois plus tard que je me suis attaqué à son premier livre, Dernière nuit à Montréal. Là encore, il s’agit d’une sorte de polar. En fait, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer plusieurs similitudes entre les deux œuvres, à commencer par une certaine obsession pour le verre et la présence éventuelle du fantastique, qui pourrait tout aussi bien relever de la folie de l’un ou l’autre personnage. L’histoire, ici, se concentre sur Lilia, jeune femme qui a soudainement quitté l’appartement dans lequel elle vivait depuis peu avec Eli, son compagnon, qui se met ainsi en quête de la retrouver. De Lilia, nous en apprenons davantage au fur et à mesure de la lecture via des flash-backs, en commençant par son enlèvement lorsqu’elle avait sept ans. L’intrigue enchaîne donc entre le passé d’une Lilia perpétuellement en fuite à travers les Etats-Unis et le présent d’un Eli de plus en plus égaré, selon un rythme qui donne l’impression d’un étau se resserrant progressivement autour du dénouement. ...

11.02.2023

En juin, un polar (et le reste)

J’ai célébré la première vague de chaleur de cet été cette fin de printemps par un polar mexicain, La vie même, signé Paco Ignacio Taibo II. Un roman sympathique dans lequel un chef de la police auteur de romans policiers s’emploie au moins autant à résoudre le meurtre d’une Américaine, qu’à garder vivante la flamme de la gauche à Santa Ana, “ville rouge”. Avec l’aide de ses adjoints et de divers responsables aux méthodes parfois originales, il fait face comme il peut aux assauts du parti gouvernemental, le PRI (qui, comme je l’ai appris pour l’occasion, était hégémonique au Mexique dans les années 80). Comme l’écrit lui-même le protagoniste dans ses notes : “Il s’agit d’un roman avec de foutus crimes, mais l’important ce ne sont pas les crimes, c’est (comme dans tout roman policier mexicain) le contexte.” ...

01.07.2021

Bilan d'avril

Ce mois-ci, j’ai lu le polar Après les chiens, écrit par la journaliste niçoise Michèle Pedinielli. La détective privée Ghjulia Boccanera (dite “Diou”) y enquête sur le meurtre d’un réfugié érythréen, tout en cherchant à élucider la disparition d’une jeune femme. L’histoire prend place après les événements de Boccanera (qui inaugure la série), qu’il n’est pas nécessaire d’avoir lu pour en comprendre l’intrigue, même si on retrouve avec plaisir quelques personnages connus. En toile de fond, il est ici question du traitement réservé aux demandeurs d’asile à la frontière entre l’Italie et la France : inutile donc de préciser que, si le récit est fluide et les protagonistes sympathiques, le sujet est plutôt lourd (après tout, on est dans un polar). Je me suis étonné de comprendre assez rapidement où tout cela allait, sans trop savoir si cela me décevait vraiment ou non. Pour autant, ce polar réserve quelques surprises bienvenues et m’a donné envie d’en lire d’autres (en particulier ceux de l’écrivain italien Andrea Camilleri, que dévore la narratrice). Et puis l’extrême-droite y prend pour son grade, ce qui fait toujours plaisir. ...

02.05.2021

Lectures favorites de 2020

C’est l’heure des bouquins de l’année ! Je me suis imposé d’en choisir dix (en trichant juste un peu) et les ai classés arbitrairement pour le plaisir. 1. “Trop semblable à l’éclair”, par Ada Palmer (2016) et “Sept redditions”, par Ada Palmer (2017) : double prix de l’amour inconditionnel pour les deux premiers tomes de la saga Terra Ignota, d’une inventivité folle et qui m’ont transportés comme rarement en cette année où c’était plutôt nécessaire. 2. “Au bal des absents”, par Catherine Dufour (2020) : un roman que je qualifierais de fantastique social enragé. C’est génial. 3. “Mémoire de fille”, par Annie Ernaux (2016) : un exercice de mémoire frappant de justesse, rempli de réflexions sur le processus et le sens de l’écriture autobiographique. ...

28.12.2020