Mexican Gothic - couverture

Mexican Gothic est un roman que j’ai offert à ma maman car j’en avais entendu beaucoup de bien et que rien de tel qu’un bon livre d’horreur pour raffermir les liens familiaux. Pas de chance : l’ouvrage n’a pas plu. Défait d’avoir causé l’ennui, je me suis procuré l’objet du crime pour l’inspecter de plus près, même s’il ne s’agit pas vraiment de mon genre de prédilection. Son autrice, la Mexicaine Silvia Moreno-Garcia, y déroule une histoire entre le fantastique et l’horreur dans les années 1950. Noémi, une jeune femme de Mexico, reçoit un appel à l’aide de sa cousine Catalina sous la forme d’une lettre bizarrement rédigée, et se voit dans l’obligation d’aller lui rendre visite pour s’assurer de sa bonne santé, notamment mentale. Destination : un manoir isolé à flanc de montagne, où Catalina vit avec son mari et la famille de ce dernier.

Pendant les deux tiers du livre, je dois bien avouer avoir été plutôt déçu, moi aussi : malgré l’atmosphère inquiétante et presque répugnante imprégnant les lieux (un manoir gothique à la splendeur largement passée), le rythme lent du récit a failli avoir raison de ma motivation. Il faut dire que je suis assez peu sensible à la majesté des manoirs anglais, décrépits ou non. Pour les amoureux et amoureuses du genre, cela doit toutefois valoir le coup. Heureusement, Mexican Gothic n’est pas qu’un simple décor. Il est doté d’un sous-texte assez mordant qui situe son histoire dans le champ de l’horreur sociale. La famille 100% anglaise occupant ce vieux manoir au beau milieu du Mexique est en effet du genre à ne pas se mélanger aux habitants locaux, sauf s’il s’agit de les exploiter de diverses façons, le tout sous la férule d’un patriarche omnipotent. On y voit sans peine une allégorie sociale. Pour autant, je l’ai trouvé beaucoup moins jouissif, surprenant ou même effrayant qu’un livre comme Au bal des absents, de Catherine Dufour (qu’il est toujours bon de ramener dans la conversation pour en rappeler l’existence). A vrai dire, on pourrait même lui reprocher sa prévisibilité, car il ne m’a pas été bien difficile de deviner rapidement les grandes lignes de la fin. Restent l’ambiance poisseuse et le propos acerbe, qui en font une sorte de règlement de compte tout à fait recommandable.

Sortie originale (anglais) : 2020 / Version française : 2021 (traduction : Claude Mamier)